Article paru dans RUGBY MAG (n° 1116 d’octobre 2012)
Plus fort que le sort
Christian Dedieu, blessé à l’âge de 20 ans, a ensuite réussi sa vie. Kinésithérapeute, il est devenu entraîneur pendant 20 ans dans son club de St-Girons, où il s’est occupé de toutes les catégories, des poussins jusqu’aux seniors. Et même de l’équipe première …
« Je n’ai jamais coupé les liens avec le rugby ». Christian Dedieu, 54 ans, rappelle ainsi son attachement au ballon ovale, lui qui a été victime d’une fracture des vertèbres cervicales le 11 décembre 1977 à 20 ans. Il jouait arrière en équipe première du Saint-Girons Sporting Club sur le terrain de Beaumont-de-Lomagne lors d’une rencontre de Challenge de l’Espérance. « Sur un ballon que je récupère, je fais quelques mètres et je suis plaqué immédiatement. Un regroupement s’est formé et j’étais dessous », raconte-t-il. Il est admis à l’hôpital de Rangueil, à Toulouse. « J’y suis resté trois mois. Au début, j’étais tétraplégique et j’ai commencé à retrouver quelques sensations, puis je suis parti en rééducation à la clinique de Verdaich durant huit mois ». Il poursuit: « J’ai peu à peu récupéré de la motricité, sur de courtes distances, et l’usage de mes bras, malgré des troubles au niveau des mains ».
Entraîneur pendant 20 ans.
Etudiant en première année de professorat d’EPS au Creps de Toulouse au moment de son accident, Christian Dedieu avait côtoyé des kinésithérapeutes. « J’ai décidé de me lancer dans ce métier. J’ai galéré au début, notamment pour me rendre en cours, puis les choses se sont améliorées ». Il obtient son diplôme après trois ans d’études et intègre, en 1983, dans le cadre d’un emploi réservé pour personne à mobilité réduite, le service de rééducation fonctionnelle pour adultes de Salies-du-Salat en Haute-Garonne, à quelques kilomètres de son domicile. « C’est un poste adapté par rapport à mon handicap et j’y travaille toujours depuis. Avec le temps, ma santé s’est dégradée et j’ai bénéficié d’une auxiliaire pour installer les patients ou aller chercher du matériel. Ce qui m’a permis de conserver mon emploi », explique Christian Dedieu. La famille du rugby a pleinement joué son rôle. « Mes partenaires m’ont aidé moralement. Ils étaient présents pendant ma rééducation et quand j’en suis sorti. Au fil des années, les liens se sont relâchés, mais il y a toujours un noyau et on se voit dans le cadre de l’amicale des anciens joueurs du club ».
Après avoir suivi une formation d’éducateur, Christian Dedieu est devenu entraîneur à St-Girons durant une vingtaine d’années. Il s’est occupé de toutes les catégories d’âge, des poussins aux seniors, et il a encadré pendant deux saisons l’équipe première qui évoluait alors en Fédérale 2. « Je m’occupais de la préparation physique et plus particulièrement des lignes arrière », assure-t-il. Il retient de ces années « le fait d’avoir pris un groupe en mini-poussins et de l’avoir suivi jusqu’en seniors ainsi qu’une belle histoire pendant trois ans avec les Reichel B, en jouant un 16e et deux 8e de finale ».
Christian Dedieu, qui a stoppé son activité d’entraîneur il y a huit ans, regarde toujours les matchs internationaux et le Top 14 à la télévision. Il se rend aussi régulièrement aux assemblées générales de Rugby Espoir Solidarité à Gradignan, près de Bordeaux. « Albert Ferrasse a fait un excellent travail avec la Fondation qui porte son nom et aujourd’hui, Jean Arhancet, son successeur, continue sur la même voie. Les conditions de vie des plus anciens blessés du rugby ont été nettement améliorées grâce à l’action de la Fondation Albert Ferrasse », assure-t-il.
Grâce à la Fondation, il a aussi eu l’occasion d’assister à des matchs de l’équipe de France. « Il m’arrive d’y aller aussi par mes propres moyens, avec l’aide de mon fils ». L’occasion pour lui de remercier son épouse, avec laquelle il est marié depuis 26 ans, et toute sa famille.
Texte : Félix Chiocca – Photo : Manu Blondeau