Article paru dans RUGBY MAG (n° 1121 de Mars 2013)
Ingénieur et père de famille, François Barthe est heureux de vivre
« Profiter au maximum ! »
Blessé en mars 1980 à l’âge de 21 ans, cet ingénieur-informaticien installé près de Nantes rappelle qu’il a pu s’appuyer sur sa famille et sur les copains de son club, devenus depuis des amis.
« Ma première chance, c’est d’avoir la tête solide et d’être équilibré. Ensuite, il y a deux façons de voir les choses, soit on déprime, soit on choisit de vivre et de profiter au maximum de ce qu’il reste. J’ai des regrets et je ne vais pas dire le contraire car il y a des choses que je ne peux pas faire. Mais je profite de la vie ! »
François Barthe a été blessé en mars 1980, alors qu’il était âgé de 21 ans, à l’occasion d’un match en Honneur avec l’ASPTT Nantes où il jouait troisième ligne aile. « Je vais pour plaquer le numéro 8 d’en face, je rate mon placage et je suis parti en roulade arrière. Je me suis mal réceptionné », explique-t-il. Tétraplégique après une luxation des vertèbres C6-C7 (« mais j’ai quand même une partie des bras et j’ai pu passer mon permis de conduire handicapé »), il a ensuite suivi sa rééducation à l’hôpital St-Jacques de Nantes puis au centre de Kerpape, dans le Morbihan. Alors qu’il était en deuxième année de l’École Nationale de Mécanique à Nantes et qu’il se destinait à devenir ingénieur, François Barthe a repris ses études un an après son accident et les a terminées. « Je me suis reclassé en informatique et j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur-informaticien. J’ai trouvé du travail quelques mois plus tard à Rennes avant de revenir à Nantes. J’ai travaillé dans trois sociétés et je suis dans la même depuis vingt ans ». Celui qui habite Sainte-Luce-sur-Loire, dans la banlieue de Nantes, ajoute: « Ma famille était à mes côtés, beaucoup de copains du club où j’étais depuis l’âge de 11 ans étaient là eux aussi et sont devenus des amis, et puis les dirigeants. Tous m’ont accompagné ». L’intéressé est d’ailleurs allé les voir jouer pendant des années : « ils ont tous arrêté maintenant, mais je n’ai jamais quitté le club ». Il continue à s’intéresser au rugby, surtout aux matchs internationaux et de HCup.
La famille, sa vraie chance
François Barthe ne tient pas pour responsable de ce qui lui est arrivé un sport qu’il apprécie toujours. « Je n’ai pas d’amertume vis à vis du rugby et cela aurait pu se produire ailleurs. Je n’avais d’ailleurs jamais entendu dire qu’il y avait des accidents aussi graves, mais cela n’aurait rien changé … » Blessé à une époque où le dédommagement financier était très faible, il a été soutenu par la Fondation Albert Ferrasse à laquelle il rend hommage. « On sent qu’il y a de la solidarité avec une rente de compensation, mais également les aides pour l’aménagement de la maison et du véhicule, sans oublier les colis de Noël qui font toujours plaisir et les invitations pour les matchs de l’équipe de France. Je ne me sens pas du tout exclu ! », observe François Barthe qui, outre Jean Arhancet le président de la Fondation, a fait la connaissance de Gérard Piffeteau et de Wanda Noury « qui nous ont gentiment reçus en l’absence de Patrick Cazères qui nous accueille habituellement sur les matchs internationaux » François Barthe a aussi prévu d’assister plus régulièrement aux assemblées générales de Rugby Espoir Solidarité quand il sera à la retraite. « C’est vrai que le travail m’occupe pas mal, je suis à 80%. J’ai une famille, mon épouse et mes deux enfants de 15 et 12 ans. C’est une vraie chance ». Il conclut: « J’ai de bons moments ! »
Texte : Félix Chiocca – Photo : Christophe Bertolin