Article paru dans RUGBY MAG (n° 1132 d’avril 2014)
Les copains d’abord…
Blessé il y a près de trois ans lors d’un match amical célébrant le centième anniversaire du club de ses débuts, près de Toulouse, Antoine Castella, qui reste viscéralement attaché à son sport et à ses copains de l’époque, est en train de préparer un bac pro « gestion / administration ».
C’est à l’occasion du centenaire de l’US Lisloise, le club d’Isle en Dodon (à 80 km de Toulouse) où il a chaussé ses premiers crampons, qu’Antoine Castella a été victime d’un accident qui a bouleversé sa vie le 26 juin 2011. « Avec les juniors Balandrade de Samatan, on jouait face à des joueurs d’Isle en Dodon qui étaient en PH et en réserve. Sur une mêlée, je pars grand côté. Un troisième ligne aile me plaque, je suis tombé assis et tout le monde est arrivé sur moi. Je suis tétraplégique après une luxation des cervicales C5-C6 », précise l’intéressé qui jouait alors demi de mêlée. Transporté en hélicoptère jusqu’à l’hôpital Rangueil à Toulouse où il est opéré le jour-même, Antoine Castella passe trois semaines en réanimation, puis deux autres avant de partir au centre de rééducation de Verdaich où il allait rester près d’une année.
Le jeune homme, qui fêtera ses 21 ans le 7 mai prochain rentre chaque week-end dans sa famille où il vit dans un studio aménagé. « La semaine, j’ai un logement à Paul Sabatié à Toulouse car j’ai repris mes études et je prépare un bac pro gestion / administration dans un lycée spécialisé à Ramonville », explique-t-il. « C’est important pour moi car je ne me voyais pas rester chez moi tout seul ». Antoine Castella devrait ensuite retourner chez Airbus (avant son accident il était élève au lycée d’Airbus en bac pro de chaudronnerie industrielle) pour occuper un emploi dans un bureau.
POURQUOI PAS DIRIGEANT ?
Antoine Castella est resté viscéralement attaché au rugby. « Le club a toujours été présent. Outre le soutien de mes parents, j’ai eu des visites régulières des dirigeants et des copains qui jouaient avec moi. Ça faisait du bien », souligne-t-il. Des anciens partenaires qui sont d’ailleurs toujours à ses côtés à l’image de ceux qui « ne sont pas loin de mon appartement comme Thomas, Julien et Aurélien, qui étaient sur le terrain le jour de mon accident et que je vois tous les jours ». Antoine Castella occupe ses week-ends à aller régulièrement voir jouer l’US Lisloise, Samatan qui évolue en Fédérale 2 ou les Reichel du club gersois.
Il affirme : « Je ne pourrais pas vivre sans rugby ! Dans quelques années, pourquoi ne pas être un jour dirigeant, mais aujourd’hui, je m’occupe de moi ». Le Haut-Garonnais n’a aucun ressentiment à l’égard de son sport. « C’est la faute à pas de chance. Cela aurait pu se produire dans n’importe quelle autre circonstance. Cela devait arriver, c’était écrit ».
Antoine Castella, qui aimait faire la fête avec ses copains du rugby, pratiquer le vélo et le tennis s’est essayé au rugby fauteuil en suivant quelques entraînements en début de saison « par l’intermédiaire de Mathieu Thiriet que j’ai connu au centre de Verdaich ». Il pourrait peut-être s’y mettre plus sérieusement après son bac. Pour lui, « c’est une nouvelle vie qui a commencé. Il faut s’y faire et il n’y a pas trop le choix… ».
Président de la Fondation Ferrasse, Jean Arhancet rappelle que « Serge Gros avait rendu visite à Antoine quand il était à Verdaich et que « les anciens » se sont battus pour que la vie quotidienne de ce jeune blessé du rugby soit nettement améliorée ».
Journaliste : Félix Chiocca – Photographe : Manuel Blondeau