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Eric Camousseigt, le club de sa vie

 Article paru dans RUGBY MAG (n° 1133 de mai 2014)

Le club de sa vie

Gravement blessé en novembre 1998, Eric Camousseigt, ancien talonneur du Stade Navarrais, en est aujourd’hui le vice-président avec la volonté de rendre au club ce qu’il lui a donné dans les moments difficiles.

« Il y a longtemps que je regarde devant et je vois forcément la vie autrement qu’avant mon accident. » A 40 ans, Eric Camousseigt, tétraplégique « incomplet » (il se déplace avec des béquilles) depuis un grave accident survenu le 1er novembre 1998, porte ainsi un message d’espoir : « Ce sont les aléas de la vie et, dans mon malheur, j’ai eu beaucoup de chance ! » Eric Camousseigt se souvient de cette mêlée qui lui a été « fatale » alors qu’il jouait talonneur avec son équipe de Navarrenx sur le terrain d’Hasparren, en Fédérale 3. « Je peux décrire la scène car je suis toujours resté conscient. Sur une mêlée en deuxième période, j’ai tourné la tête sur le côté droit pour regarder un troisième ligne qui remplaçait un autre joueur. La première ligne adverse est rentrée à ce moment-là et le haut de ma tête est resté coincé. Je n’ai pas pu me dégager. J’ai eu une luxation des cervicales C5-C6 avec pincement de la moelle épinière ». L’intéressé se rappelle alors de la présence à ses côtés de ses amis piliers Albert Matheu et Eric Lendre. « Je ne pouvais pas bouger mes membres et, heureusement pour moi, le docteur Debaigt, de Navarrenx, était là. Il a appelé l’hôpital de Bayonne pour une évacuation. Il y avait aussi des pompiers bénévoles ». Emmené à Bayonne, il était transféré le lendemain à Bordeaux où il était opéré. Après un mois en réanimation, Eric Camousseigt allait passer neuf mois en rééducation au centre de La Tour de Gassies à Bruges « où j’ai de très bons souvenirs ». C’est alors que se met en place une véritable chaîne de solidarité « grâce à Charly Bergos, alors président du Stade Navarrais, aujourd’hui décédé, qui a été d’un très grand soutien en organisant un co-voiturage pour que ma compagne de l’époque puisse venir me voir avec un véritable planning pour mes coéquipiers. Il avait aussi écrit à plus d’un millier de clubs pour une collecte de dons. Et trouvé une maison de plein pied, restaurée par les joueurs pour que je puisse venir le week-end ». Ce soutien l’a beaucoup aidé : « Ma fille Léa avait un an lors de l’accident et je me suis battu ».

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Eric, avec sa fille Léa, qui avait 1 an lors de l’accident, en novembre 1998.

La fête avec les « Aroussecs »

Installé dans la commune d’Abitain, dans les Pyrénées-Atlantiques, entre Pau et Bayonne, ce Béarnais « rugbyman dans l’âme » s’est impliqué dans son club de toujours en devenant vice-président. « Je m’occupe du lien sportif au niveau des seniors et je rends à ce club très familial ce qu’il m’a donné quand j’étais blessé ». Une démarche qu’il résume en une formule : « le rugby m’a cassé en deux, mais il m’a beaucoup apporté ». Il fait partie, avec d’anciens joueurs du Stade Navarrais, « des Aroussecs, une expression qui désigne les gens qui restent les derniers dans les fêtes ». Une association qui participe à l’animation, en organisant des repas et des sorties. Eric Camousseigt veut aussi rendre hommage à la Fondation Albert Ferrasse. « Le président Jean Arhancet m’a beaucoup épaulé et il y a ce lien fort entre nous tous ». Il n’hésite pas à rendre visite à des blessés « que ce soit au rugby ou après des accidents de la route pour leur apporter mon témoignage ». A la fin du mois d’octobre dernier, il a réuni trois autres grands blessés du rugby béarnais (Jean Arhancet, Jérôme Hort et Michel Pédebiben), mais aussi Serge Raballo et Bernard Pontneau qui président respectivement le comité du Béarn et la Section Paloise, pour un repas avant le match Navarrenx-Lembeye et le bénéfice de la bourriche avait été versé à la Fondation Ferrasse. De même, il participe tous les ans à Gradignan, près de Bordeaux, à l’assemblée générale de Rugby Espoir Solidarité. « J’aime cette journée et j’emmène chaque fois des personnes différentes pour leur permettre de mieux connaître ce milieu ». L’occasion aussi d’y puiser de belles leçons de vie.

Journaliste : Félix Chiocca – Photographe : Loïc Dequier