Article paru dans RUGBY MAG (n° 1145 de juillet/août 2015)
Le défi de Virgil
Blessé en octobre 2001, Virgil Veron habite Toulouse et se trouve donc confronté aux contraintes du milieu urbain. S’il est resté fidèle au rugby en s’occupant notamment des juniors de son club, le SC Rieumois, il assouvit aussi sa passion des voyages
Agé de 16 ans lors de l’accident survenu en octobre 2001 à l’occasion d’un match amical contre Saint-Gaudens alors qu’il jouait troisième ligne aile au Sporting Club Rieumois, Virgil Veron est depuis tétraplégique. Elève de première à cette époque, il vivait à Bérat, près de Rieumes. Il va alors poursuivre sa scolarité au centre spécialisé d’enseignement secondaire Jean-Lagarde à Ramonville où il obtient un bac économique. « J’ai ensuite tenté la fac, mais c’était compliqué. Je n’ai pas réussi à m’intégrer et je n’ai pas continué devant certaines difficultés », explique-t-il.
En revanche, il n’a jamais rompu le fil avec le rugby. C’est ainsi qu’il s’occupait des juniors Reichel de Muret-Rieumes depuis deux ans, après avoir passé son brevet fédéral et avoir eu la charge des juniors Phliponeau auparavant. « Cette entente a pris fin cette saison mais j’ai prévu de pas mal voyager dans les prochains mois, à Amsterdam, puis en Croatie, avant d’autres destinations ». Il ajoute: « Le rugby restera toujours mon sport et il n’y a jamais eu de problème. Je vois régulièrement les copains de mon époque et le club a toujours été là quand j’en ai eu besoin ».
Habitant à Toulouse, Virgil Veron se trouve confronté aux problèmes que peuvent rencontrer les personnes se déplaçant en fauteuil au milieu urbain. « Mais j’ai la chance de vivre dans la maison de ma grand-mère dans laquelle j’ai pu faire des aménagements. Je suis bien installé ».
MANIFS ET CONCERTS
Il poursuit: « Quand je vois que l’application de la loi PMR (sur l’accessibilité des établissements publics aux personnes à mobilité réduite) est repoussée… on a d’ailleurs participé à une petite manifestation à Toulouse début juin. Je suis allé récemment me promener pour la Fête de la Musique et j’ai encore constaté qu’il y a des problèmes d’aménagement et les choses n’avancent pas très vite ».
Virgil Véron continue d’autre part de se mobiliser dans la collecte de fonds pour la recherche sur la moelle épinière avec l’association Un défi pour Virgil qui a notamment organisé des concerts et surtout le célèbre Rugby du cochon, de 2012 à 2014, à Bérat. Un rendez-vous convivial durant lequel les nombreux participants jouent au rugby-toucher dans la boue et qui a regroupé près d’un millier de spectateurs! « Cette année, on ne l’a pas fait, il fallait que les bénévoles fassent une pause; en plus, j’ai été malade l’hiver dernier et c’était difficile pour moi de m’en occuper, mais on le refera prochainement. On est une équipe bien motivée et on donne déjà rendez-vous aux gens intéressés pour le troisième week-end du mois de juin 2016 », explique celui qui est bien occupé entre le rugby, sa famille et ses amis. Il essaie d’ailleurs de participer quand il le peut à l’assemblée générale de Rugby Espoir Solidarité. « Il y a aussi la Fondation Albert Ferrasse qui fait beaucoup pour la cause des grands blessés du rugby Je m’entends très bien avec le président Jean Arhancet. Ses responsables nous accompagnent bien, les blessés d’avant 1999 comme ceux d’après et je sais que si j’ai besoin d’un conseil … Heureusement qu’ils sont là ! »
Texte : Félix Chiocca – Photos : Fabien Ferrer