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Jérôme Hort : sur le tracteur tous les jours !

Article paru dans RUGBY MAG (n° 1152 d’avril 2016)

Sur le TRACTEUR tous les jours !

 Accidenté lors d’un match de juniors sous le maillot de Lembeye et depuis tétraplégique « incomplet », Jérôme Hort exerce néanmoins son métier d’exploitant agricole, entre Landes et Béarn. À 41 ans, il est tous les jours sur son tracteur!

 C’est le 9 octobre 1993 que Jérôme Hort a été victime d’une grave blessure à l’occasion d’un match de juniors contre Hagetmau alors qu’il portait le maillot de Lembeye. Il avait alors 18 ans et demi.

« Je jouais talonneur et l’accident a eu lieu sur une entrée en mêlée. Après une fracture-luxation des cervicales C4-C5 j’ai été transporté en hélicoptère à l’hôpital de Pau, puis à Bordeaux ». se souvient-il. Après être resté un mois et demi au Tripode, il allait passer sept mois à la Tour de Gassies, puis autant au centre de rééducation fonctionnelle de Salies-de-Béarn. « J’étais tétraplégique incomplet. Après deux mois sans bouger, j’ai commencé à récupérer partiellement des bras et des jambes et j’ai pu marcher avec un déambulateur au bout de huit mois. »

Elève en école d’agriculture au moment de son accident, Jérôme Hort a décidé de poursuivre dans cette voie. C’est ainsi qu’il a passé son brevet de technicien agricole en juin 1994. « Je ne pouvais pas écrire et c’est quelqu’un qui écrivait à ma place. J’ai obtenu l’examen et je me suis installé en 1996 », explique celui qui s’était alors rendu acquéreur d’une exploitation agricole dans les Landes et qui s’est associé il y a dix ans avec son père aujourd’hui à la retraite. « Ce qui fait que j’ai deux exploitations distantes de cinquante kilomètres. Je fais du maïs dans celle des Landes et des vaches à viande, du maïs et des vignes dans l’autre. Mon père m’aide encore un peu, j’ai des saisonniers pendant l’été et j’avais un salarié à temps plein qui arrête, ce qui fait que je dois en chercher un autre. » Jérôme Hort, qui se réjouit d’être « sur le tracteur tous les jours », vit à Gayon une petite commune située à une trentaine de kilomètres de Pau. « Le contexte actuel est difficile, mais j’ai toujours été habitué à faire ça, je ne sais pas faire autre chose et je ne supporterai pas d’être enfermé dans un bureau », lâche-t-il en souriant.

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UNE VIE BIEN REMPLIE

 Aujourd’hui âgé de 41 ans, Jérôme Hort a toujours conservé des relations étroites avec son club, l’Etoile Sportive de Lembeye en Vic-Bilh. Il était encore invité début mars au repas d’avant-match. « Je vais régulièrement voir les matchs et je suis au bureau de l’Amicale des anciens. Je vois toujours des copains avec lesquels j’ai joué. » Le rugby est donc toujours présent dans la vie de l’intéressé qui a fini par admettre sa situation. « II faut un certain temps pour accepter, dit-il, et encore, je ne pense pas qu’accepter soit le bon mot. En fait, on n’a pas le choix. »

Jérôme Hort, voisin de Jean Arhancet, se félicite de l’action menée par la Fondation Albert Ferrasse. « Nous sommes soutenus et cela fonctionne vraiment très bien. Personnellement,je n’aime pas trop demander des aides et je pense qu’il y en a qui en ont davantage besoin que moi. La Fondation m’a aidé pour du matériel informatique, mais je ne veux pas embêter les responsables tout le temps et je ne demande pas », précise Jérôme Hort qui participe aussi aux assemblées générales de Rugby Espoir Solidarité.

Déjà très occupé par son exploitation agricole et le rugby, il chasse aussi à la palombe : « Je me rends à ma cabane en quad et j’attends qu’elles arrivent, mais elles n’arrivent pas toujours ! ». Il donne aussi une partie de son temps. « Je suis membre d’une association qui organise une journée pour faire pratiquer du sport aux personnes d’un CAT à Lembeye (Centre d’aide par le travail) et je siège au conseil municipal de Gayon (une soixantaine d’habitants). » Une vie bien remplie!

 TEXTE : FELIX CHIOCCA – PHOTO : LAURENT DARD