Article paru dans RUGBY MAG n° 1158 (décembre 2016)
Toujours en action
Blessé à l’âge de seize ans, le Montois Patrice Béziat ne nourrit aucune rancœur à l’égard du rugby. Après une longue carrière dans le secteur administratif à EDF puis ERDF, il est actuellement bénévole auprès de l’Association des Paralysés de France et suit toujours les matchs du Stade Montois.
Il a été blessé le 18 février 1990 alors qu’il n’avait pas encore 17 ans lors d’un match opposant les cadets du Stade montois dont il portait le maillot jaune et noir à ceux de Lourdes. « Pour l’anecdote, c’était le jour de la Sainte-Bernadette », se rappelle Patrice Beziat habitant de Mazerolles, village voisin de Mont-de-Marsan. Ce jour-là, il jouait talonneur. « J’étais habituellement 3e ligne mais j’avais déjà joué deux-trois matchs au talon. Sur un regroupement, je me suis retrouvé la tête en bas, mon cou s’est plié en deux et tout le monde s’est écroulé sur mon dos ». Victime d’une entorse des cervicales C4-C5, il a été hospitalisé pendant un an au centre de la Tour de Gassies, près de Bordeaux. « Tétraplégique, j’ai repris les cours à Ramonville, près de Toulouse, car j’étais élève en seconde quand j’ai eu mon accident. Mais c’était trop rapide, j’étais en fauteuil électrique, pas du tout autonome, et j’ai eu des problèmes de santé. Je suis alors parti à Montpellier au centre Propara et j’y ai subi une chirurgie de réanimation des triceps pour gagner en amplitude au niveau de l’extension des bras. J’arrive à bouger les épaules », explique-t-il.
Patrice Beziat, qui a tenu à reprendre sa scolarité, a obtenu son bac avant de suivre à Talence, en Gironde, une formation de deux ans afin de travailler comme adjoint administratif. « Je suis passé en fauteuil manuel après mon opération des triceps et j’ai passé mon permis de conduire. Je monte avec une plate-forme dans ma voiture et je me clipse directement au volant ». Après avoir été salarié chez EDF à Mont-de-Marsan puis ERDF à Bordeaux entre 1998 et 2014, il est désormais en invalidité. « Je me suis dit qu’il fallait que je m’occupe un peu plus de moi car, par rapport à mon niveau de tétraplégie, je pense que je travaillais un peu trop. Si j’avais continué ainsi en négligeant ma santé,je prenais le risque de voir évoluer mon handicap dans un sens très négatif ».
FÊTES DE BAYONNE ET DE PAMPELUNE
Mais Patrice Beziat ne reste pas inactif pour autant. C’est ainsi qu’il s’est engagé comme bénévole à Mont-de-Marsan auprès de l’Association des Paralysés de France (APF). « Je la représente dans des commissions d’accessibilité auprès des collectivités locales », explique-t-il.
À 43 ans, il dit n’avoir conservé « aucune rancœur » à l’égard du rugby. « Après mon accident, Bernard Pédarré, qui présidait alors le Stade Montois, a été formidable avec moi. Ensuite, je suis parti et quand Patrick Nadal est devenu président, il a souhaité prendre contact avec moi. Aujourd’hui, je vois voir une dizaine de matchs du Stade Montois par an ».
L’intéressé a conservé le contact avec ceux qui jouaient avec lui. « Quand on a un accident très jeune comme moi, on commence un peu sa vie en fauteuil roulant. Les potes sont là et c’est un peu l’insouciance de la jeunesse. S’ils vont aux fêtes de Bayonne et de Pampelune ou bien en vacances, ils t’emmènent sans se poser de questions. C’est ce que j’ai vécu jusqu’en 2000 avec les copains du rugby et d’autres qui sont venus se greffer. Ils ont été très présents. Ensuite, je me suis marié après avoir rencontré ma femme en 2001 », raconte Patrice Beziat, avant d’ajouter : « Même si, avec les années, le nombre s’est réduit, il y a toujours des potes qui sont toujours là ». Aujourd’hui, Patrice Béziat salue « l’action très positive qui est menée par Jean Arhancet et toute l’équipe de la Fondation Ferrasse, que ce soit pour le renouvellement des fauteuils roulants mais aussi pour l’équipement voiture et la domotique ». Fidèle des assemblées générales de Rugby Espoir Solidarité, il apprécie ces moments « qui permettent de se donner des tuyaux entre nous et de prendre des nouvelles des uns et des outres car cela fait des années qu’on se connaît ».
Texte Félix Chiocca – Photo Loïc Dequier