Midi Olympique du 26 octobre 2015
THIERRY BLAIS : « Ma reconversion est un challenge »
En avril 99, une entrée en mêlée tragique a brisé les cervicales du jeune pilier gauche Thierry Biais. Armé d’une force mentale peu commune, le Surgérien a surmonté cette terrible épreuve. Il ne marche plus, mais sa reconversion est le remarquable exemple d’une volonté indestructible d’exister. Thierry Blais nous adresse un vrai message d’espoir.
Quel genre de relations avez-vous conservées avec votre club ?
J’ai gardé de bons contacts avec les dirigeants et joueurs qui sont pour la plus part de très bons amis. Bien évidemment beaucoup ont été touchés par ce qu’il m’est arrivé ce jour là.
Comment avez-vous fait le choix de vous engager au sein de Rugby-Espoir-Solidarité ?
RES a été au départ une découverte, un étonnement, une association pour les grands blessés ! Ça existe ? Et bien oui ! Jean Arhancet, Président de RES à cette époque, a toujours été présent auprès de moi et de ma famille et il nous a soutenus dans ces moments difficiles. Le jour où il m’a demandé de les rejoindre, je n’ai pu que dire oui en espérant autant apporter aux autres.
Que pensez-vous du regard posé aujourd’hui sur les grands blessés du rugby ?
De la part des amoureux du rugby, beaucoup de compassion ; personne n’accepte l’accident dans un tel contexte. Un gros travail est fait par la FFR sur la prévention des risques. Je remercie M.Pierre Camou qui en témoigne tous les ans lors de nos AG. Il reste à atteindre l’objectif de zéro grand blessé par an.
Êtes-vous resté un observateur attentif des choses du rugby ?
Oui, très attentif. Je remarque que le rugby évolue, que les joueurs sont de plus en plus préparés ce qui rend les chocs plus violents. Certes, on assiste à de bons spectacles mais attention de ne pas casser la machine !
Vous avez fait le choix d’une reconversion professionnelle, dans quel domaine ?
Dans l’immobilier. Depuis 20 ans, j’ai décidé de créer une entreprise de construction de maisons individuelles.
L’entreprise Solution Construction Maison est née en 2013 puis m’a poussé à en créer une deuxième « l’entreprise de maçonnerie Surgèrienne ». Aujourd’hui l’entreprise compte 7 salariés.
Pourquoi cette décision de se confronter au monde exigeant du travail ?
C’est avant tout un challenge, j’ai toujours aimé créer, innover, aller de l’avant J’avais le besoin de remplir mes journées et de rester aux contacts des gens.
N’est-ce pas trop difficile en termes de présence ?
En toute honnêteté, cela reste difficile mais la vie,n’est elle pas faite ainsi ? Les journées sont intenses. Car un projet immobilier c’est, pour beaucoup, l’achat d’une vie ou un changement de vie… Nous gérons l’intégralité du projet : nous commençons par l’accompagnement administratif et financier, les plans les devis les assurances et ensuite la partie terrain avec la maîtrise d’oeuvre, la gestion des artisans et des fournisseurs. Une logistique importante et qui occupe plus que mes journées et empiètent souvent sur les week-ends.
Quels sont, humainement, les avantages que vous en retirez ?
Humainement, rester actif c’est participer, partager et exister. Et même si la fatigue est lourde au quotidien.
A travers votre expérience, quel message pourriez-vous délivrer aux grands blessés ?
Profiter du moment présent et entreprendre les choses qui nous tiennent à coeur. Il faut surtout faire abstraction de notre pathologie, couper les barrières du handicap. Par la force des choses, on change nos centres d’intérêts mais le plus important,c’est de retrouver un bonheur de vivre et prendre du plaisir.
Au fil des semaines, les dons continuent de nous parvenir et nous remercions vivement tous les acteurs, généreux et solidaires, grâce auxquels nous aidons les grands blessés du rugby à améliorer leurs difficiles conditions de vie : Jean-Pierre Bonnassiolle, Nay ; André-Henri Brandam, Olonne-sur-Mer ; Véronique Buros, Aire-sur-l’Adour ; François Gallou, Villeneuve-les-Béziers ; Maurice Garreau, Fontaine-les-Dijons ; Christian Gay, Sérignac-sur-Garonne; Julien Hubert, Garidech ; Dominique Husson, Nîmes ; Roger Lorieau, Bellegarde-Poussieu; Guy Lucciardi, Sélestat; Jacques Mourrut, Sigean; SOREPS SA, Créteil ; Gérard Tave, Saint-Vincent-de-Tyrosse; Floriane Terrot, Creil; UES Comité d’entreprise SID SOREPS, Créteil ; US Mugron, Mugron ; Claude Vital, Bordeaux ; Etoile Sportive de Lembeye, Lembeye ; Challenge de l’Espoir, Mugron ; Association des arbitres de Midi-Pyrénées, Tournefeuille ; Association Les Charrett Boys, Saint-Pierre d’Allevard ; Sylvie Badino, Villeurbanne ; Christian Bastard, Gresy-sur-Aix; Christian Bernabé, Aix-les-Bains; Anne-Marie Blouzat, Sainte-Eulalie-en-Royans; Danielle Bouttaz, Mouxy; Michel Boyer, Périgueux ; David Briggs, Bassussarry; Luc Cavalli, Cruseilles ; Yves Chenal, Chambéry; Francis Chevalier, Nancy ; B.J. Chieux-Campagne, Steenwerck; Club Léo Lagrange Rugby, Armentières, Denis Collot, Rivery.
A suivre …
Gérard PIFFETEAU