Article paru dans RUGBY MAG (n° 1134 de juin 2014)
Virgile Veron : un sacré défi !
Blessé en 2001 alors qu’il sortait à peine de l’adolescence, le Haut-Garonnais Virgile Veron est resté attaché au Sporting Club Rieumois. Il organise, avec son association, Le Rugby du Cochon, une journée festive au profit de la recherche sur la moelle épinière dont la troisième édition aura lieu le 21 juin à Bérat.
« Ma famille, mes amis et le rugby ont toujours été là. C’est très important pour moi », lâche Virgile Veron à propos de l’accident dont il a été victime en octobre 2001. Celui-ci a, en effet, été gravement blessé lors d’un match amical contre Saint-Gaudens sur le terrain de Rieumes, le club dont il portait alors le maillot et où il a commencé à jouer à l’âge de 11 ans. « J’étais en juniors Balandrade et je jouais 3e ligne aile. Sur un regroupement, je pénètre et je protège le ballon que j’avais entre les jambes, le cou un peu planté dans la terre. Les copains sont venus étayer sur la poussée et je n’ai pas pu relever le cou », se souvient-il. Avec une luxation des vertèbres C4-C5, Virgile se retrouve tétraplégique. Il passe six mois sous respirateur en neurochirurgie à l’hôpital de Rangueil à Toulouse, avant de rester un an et demi au centre de rééducation de Cerbère dans les Pyrénées-Orientales. « Le temps de récupérer ma respiration et de connaître mon corps ».
Elève en classe de première au moment de son accident, il reprend ensuite ses études dans le lycée spécialisé de Ramonville où il obtient son bac option économie. « J’ai tenté la fac à Toulouse, mais ce n’était pas encore au point à l’époque avec des problèmes d’accessibilité. J’avais aussi des difficultés pour récupérer les cours. Ce n’était pas évident et je n’ai pas continué », explique-t-il. A 28 ans, Virgile vit à Toulouse dans une maison aménagée qui appartenait à sa grand-mère. « Je suis en autonomie avec neuf personnes qui se relaient 24 heures sur 24. Cela me permet de voir les membres de ma famille et d’aller les voir à Bérat où ils vivent, sans empiéter sur leur vie ».
Les journées de Virgile sont bien remplies, avec son club de toujours où il est vice-président des Reichel réunis dans l’Entente Sud-Garonne (Muret-Rieumes, Montesquieu et Carbone). Il explique « avoir chopé le virus du rugby » et il n’imagine pas sa vie sans son sport qui est une véritable passion. C’est ainsi qu’il va régulièrement voir jouer son frère aîné Pascal qui évolue à Carbone et ses copains à Rieumes qui monte en Fédérale 3, Revel et Sainte-Foy-de- Peyrolière.
UNE PAGE FACEBOOK
L’autre occupation importante de Virgile est l’animation de son association Un défi pour Virgil … « sans « e » à la fin parce que ma mère voulait l’écrire de cette manière ». Chaque année, l’association organise un temps fort et, après trois éditions consacrées au beach rugby, Virgile et ses amis se sont tournés vers ce qu’ils appellent Le rugby du Cochon qui se joue dans la boue et qui rencontre un joli succès (photo ci-contre). « L’an dernier, il y a eu 500 personnes sur la journée et 320 repas le soir », précise Virgile, « on récolte des fonds au profit de la recherche sur la moelle épinière, cette année, cela aura lieu le 21 juin toujours à Bérat et on a une page facebook pour tous les renseignements ». Virgile Veron, qui avoue « être frustré de ne plus pouvoir jouer, même si j’ai retrouvé l’ambiance d’avant-match avec les gamins de l’Entente » , a choisi de ne pas s’apitoyer sur son sort. « J’essaie d’avancer car il y a toujours des raisons d’espérer, même si c’est dur et que j’ai des hauts et des bas. Mais je suis très bien entouré, je suis un bon vivant et je ne m’ennuie pas. J’essaie surtout de ne pas entrer dans la mélancolie », souligne celui qui parle deux fois par semaine avec Fabien Fumat, autre grand blessé du rugby, qu’il a connu à Cerbère. « C’est une force de la nature et il a été d’un gros soutien pour moi ». En ajoutant: « C’est comme ceux qui font vivre la Fondation Ferrasse. On sait qu’on peut compter sur eux ! Il y a le colis de fin d’année et les invitations pour les matchs de l’équipe de France. J’y suis allé deux fois et tout est très bien organisé ». Virgile Veron a choisi de cultiver un certain optimisme qu’il essaie de communiquer, tout en rappelant l’importance de son entourage, « mon père, mon frère, ma sœur, les copains qui me poussent à profiter de la vie ».
journaliste : F.Chiocca – photo : D.R.