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Philippe Challande, les mots pour le dire…

Article paru dans RUGBY MAG (n° 1130 de février 2014)

Les mots pour le dire…

Gravement accidenté à la suite d’une mêlée lors d’un match en 1997, l’Isérois Philippe Challande est resté fidèle au rugby dont il a pu vérifier les valeurs. Il a même créé son site pour faire notamment l’éloge de la prévention.

« Je n’ai jamais coupé les ponts avec le rugby et je suis toujours aussi mordu. Ce qui m’est arrivé ne m’a pas éloigné pour autant de mon sport. Je faisais de la moto et cela aurait pu m’arriver en chutant ». A 46 ans, Philippe Challande se déplace en fauteuil depuis un accident survenu le 9 novembre 1997, moins d’un mois avant de fêter son trentième anniversaire. « Je n’ai aucune mobilité des bras et la nuit, je suis toujours sous assistance respiratoire » ajoute celui qui jouait talonneur et qui a été gravement blessé sur l’impact d’une entrée en mêlée à l’occasion d’un match de Troisième Division du Comité du Lyonnais entre Saint-Marcel Bel Accueil – dont il portait le maillot – et Meyzieu. « Il y a eu fracture des vertèbres C3-C4 et la moelle épinière a été touchée. Au sol, je suis resté conscient et une fois dans le véhicule des pompiers, je ne me souviens plus de ce qui s’est passé ». Philippe Challande qui travaillait dans la mise en rayons dans la grande distribution allait être hospitalisé à Lyon, avant de passer un an à Hauteville dans l’Ain. « Le temps de reprendre le dessus après cette terrible épreuve ». Il s’installe ensuite à Ruy en Isère – tout près de Bourgoin-Jallieu où il résidait avant l’accident – dans une maison équipée où il habite aujourd’hui seul, entouré d’auxiliaires de vie. Il s’intéresse toujours au rugby dont il a pu mesurer « les valeurs de solidarité, d’amitié, de fidélité et de partage que l’on ne peut pas comprendre si on n’y a pas joué » durant son hospitalisation « quand mes partenaires passaient très régulièrement me voir ».

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Meurtri dans sa chair mais pas dans sa tête, Philippe Challande pose devant un maillot du XV de France, dédicacé par les joueurs de 2008, et une photo de lui en pleine action que l’on retrouve en page d’accueil de son site perso.

PREVENTION SUR SON SITE PERSO.

Il parle aussi de l’association Unis pour Philippe, créée par ses amis de Saint-Marcel un an après son accident, qui a organisé un tournoi durant plusieurs années et désormais une tombola pendant un match de son ancienne équipe. Un lien fort qui est entretenu par l’intermédiaire de la Fondation Albert-Ferrasse. « Je ne roule pas sur l’or et la Fondation m’a beaucoup aidé quand j’ai dû faire face à des besoins particuliers dans l’équipement de la maison, notamment tout ce qui concerne les commandes vocales, ou bien pour mon véhicule adapté. C’est une action importante ». Philippe Challande regarde les matchs de rugby à la télévision en avouant un petit faible pour le jeu de Toulouse et de Clermont, « sans oublier Grenoble qui représente l’Isère en Top 14 ».Il lui arrive d’aller voir jouer Bourgoin, Saint-Marcel et le club de Succieu où il a aussi évolué. « Cela ne me rappelle pas de mauvais souvenirs, mais quand un joueur ne se relève pas tout de suite après une mêlée, j’y pense et c’est normal car je sais que personne n’est à l’abri. C’est pourquoi il faut faire de la prévention et éviter les gros chocs si possible », souligne Philippe Challand qui passe beaucoup de temps devant son ordinateur (il a créé son site personnel : challandephilippe.fr). Il insiste aussi sur le rôle de la famille. « Heureusement qu’elle est là », observe-t-il, en précisant avoir perdu sa mère il y a quelques année alors que son père était décédé bien avant son accident. C’est ainsi qu’il a été entouré de certains de ses frères et soeurs durant les récentes fêtes de fin d’année dont son jumeau Henri « qui a joué avec moi, mais qui habitait déjà dans le Midi quand j’ai été blessé ».

Journaliste : Félix Chiocca – Photographe : Thierry Chassepoux