Article paru dans RUGBY MAG (n° 1127 de novembre 2013)
Les preuves de force
Dirigeant du RC Blois, son club de toujours, Stefan Laurancy n’a jamais coupé les ponts avec le rugby depuis son accident en juin 1995 alors qu’il était âgé de 19 ans.
« Mon principal centre d’intérêt, ça reste le rugby et je suis toujours mordu de ce sport que j’ai découvert à l’âge de 11 ans. Ce qui m’est arrivé est un accident qui aurait très bien pu se produire autre part et autrement ». Tétraplégique depuis le 4 juin 1995, suite à une luxation des vertèbres C5-C6, alors qu’il participait à un tournoi dans l’Ile de Ré sous les couleurs du Rugby Club de Blois où il évoluait dans les lignes arrière, Stefan Laurancy n’éprouve aucun ressentiment.
« Au tout début, je me suis accroché, d’autant que le diagnostic pouvait laisser penser qu’il y avait une possibilité de guérison. Je devais passer mon bac E une semaine plus tard et je l’ai finalement obtenu au mois de septembre suivant », raconte-t-il. Après plusieurs mois passés au centre de rééducation de Tours, Stefan Laurancy est ensuite retourné chez ses parents, près de Blois. Lui qui voulait entrer en IUT puis intégrer une école d’ingénieur, a finalement choisi une autre voie.
« J’ai cherché ce que je pouvais faire. J’ai arrêté mes études après trois ans de fac de droit à Blois et cela fait cinq ans que j’ai monté une société de conseils en équipements et accessibilité pour handicapés (Handacaa). Je voulais que mes faiblesses me soient bénéfiques », explique-t-il. Stefan Laurancy, qui habite maintenant à Mont-près-Chambord, près de Blois, dans le Loir-et-Cher, se déplace sur les chantiers en voiture aménagée. « C’est plus facile quand quelqu’un peut m’accompagner et je travaille beaucoup sur plans et sur ordinateur »
Grands vins et voitures de sport …
N’ayant jamais coupé les ponts avec le rugby, rien d’étonnant de le retrouver dirigeant du RC Blois, son club de toujours. « J’ai eu un soutien sans faille et, aujourd’hui encore, je sais que je peux compter sur les gens du club. Même si la vie nous a un peu dispersés, j’ai toujours des contacts avec certains de mes coéquipiers de l’époque », observe-t-il. Et il se félicite de pouvoir participer à la vie de son club, présidé par René Rabineau, qui avait été son entraîneur en cadets.
Stefan Laurancy s’occupe de la boutique du RC Blois et il est chargé de l’analyse-vidéo de l’équipe première engagée en Fédérale 3. « C’est très intéressant et cela me permet de conserver le contact avec le terrain et de voir une autre facette du rugby », se félicite-t-il. Il aime aussi suivre à la télévision le Top 14 et les matchs internationaux. « J’apprécie surtout Clermont et Toulouse pour le jeu que ces équipes développent, et aussi le Stade Français, et je n’hésite pas à me déplacer pour assister aux demi-finales comme la saison dernière. Il m’arrive aussi d’aller voir l’équipe de France et j’avais notamment été invité pour un match contre l’Afrique du Sud », Stefan Laurancy se félicite de l’action menée par la Fondation Albert Ferrasse. « J’ai régulièrement son président, Jean Arhancet, au téléphone. La Fondation nous aide le mieux et le plus possible. Notre vie se trouve facilitée, grâce à son soutien matériel et moral. Quand on a des questions, il y a toujours quelqu’un pour écouter et répondre ». Stefan Laurancy qui se passionne pour les voitures de sports, « que je ne peux pas avoir », et les grands crus de Bordeaux et de Bourgogne, insiste surtout sur la qualité de son environnement, « avec mes parents, mes amis, mes copains du rugby ou d’ailleurs » qui lui ont permis de faire face à l’adversité.
Journaliste : Félix Chiocca – Photographe : Isabelle Picarel