Midi Olympique du 02-04-2013
Jean-Yves Lagardère : le culte du mérite
Dans la famille Lagardère, le fils Corentin n’a que 13 ans, mais son éducation est déjà influencée par la devise personnelle de son père : « Il faut mériter ce que l’on veut.» Ce ne sont pas des mots en creux, ses parents sont pour l’enfant un remarquable exemple de volonté. La maman, Geneviève, a dû faire preuve d’une force de caractère peu commune pour conquérir plusieurs médailles d’or et d’argent aux jeux paralympiques de Séoul, Barcelone et Pékin dans l’exigeante catégorie natation. Le papa, Jean-Yves, aurait pu ne jamais se « relever » de son terrible accident sur le terrain de Saint-Paul les Dax en 1978.
Mais le cadet du club de Morcenx possédait déjà une force mentale à toutes épreuves. Il lui a fallu une sacrée dose de courage pour reprendre ses cours de seconde C par correspondance depuis le centre de rééducation. Ensuite, au lycée Victor Louis de Talence, il a repris ses études en première C grâce au soutien de l’Institut d’éducation motrice. «Je n’ai pas le souvenir de l’avoir mal vécu, raconte Jean-Yves. J’étais très soutenu par mes parents et mes frères, c’est une base indispensable. Cette période n’a pas été traumatisante et pour s’en sortir il faut travailler, se battre. » Obtenant le Bac C au premier passage, Jean-Yves Lagardère a été le premier élève en fauteuil inscrit en BTS comptabilité du lycée Victor Louis. Intéressés par son parcours et son potentiel, les enseignants ont vu en lui un pionnier capable d’ouvrir une voie nouvelle. Bonne pioche car le BTS fut décroché de haute volée. Et la suite s’est brillamment enchaînée : Maîtrise des sciences techniques comptables et financières (MTCS) de 83 à 85 ; diplôme d’études comptables supérieures (DECS) après trois ans de stage en cabinet. C’est ainsi que le 1er juillet 1990, Jean-Yves Lagardère a ouvert son propre cabinet d’expert comptable et commissaire aux comptes qui compte aujourd’hui cinq salariés. « J’avais pour objectif d’assumer seul et donc d’être indépendant, alors j’ai aussitôt obtenu mon permis de conduire. » Depuis vingt-trois ans les clients lui sont fidèles et Jean-Yves ne craint pas d’afficher ses opinions : « Pour qu’une entreprise vous choisisse il faut que vous soyez meilleur que les autres. » Ne voyez pas de l’orgueil dans cet avis, plutôt une leçon de vie que nous donne ce passionné qui consacre plus de dix heures par jour à son travail en période de bilan. Avec sa famille, une seule chose le distrait de son cabinet, il ne manquerait pour rien au monde un match de l’équipe de France. Jean-Yves Lagardère n’a jamais rompu le lien : « Les grands blessés anciens se rendent compte de l’importance de la Fondation Ferrasse et de Rugby Espoir Solidarité. Les présidents successifs de la Fédération ont été à l’écoute, on ne se sent pas abandonnés. » De cette solidarité aussi le jeune Corentin aura été le témoin…
Gérard PIFFETEAU